Soseki NATSUME

Publié le par Kitsune-San

 SOSEKI est né à Tokyo en 1867 et il y est mort en 1916. Dans le mouvement littéraire du «croquis pris sur le vif», qui naît dans les tumultes de l'ère Meiji, Soseki Natsume est au roman ce que Shiki Masaoka est au haïku. L'organe officiel de cette école est la rubrique de haïku du journal Nihon, fondée en 1893, et la revue Hototogisu (Le coucou), fondée en 1897. Auteur d'essais (Omoidasu koto nado, Au gré de mes souvenirs, 1910-1911; Shakai to jibun, La société et moi, 1913; Garasudo no uchi, Dans la vitrine, 1915) et de romans qui lui ont valu une célébrité mondiale (Wagahai wa neko de aru, Je suis un chat, 1905; Kokoro, Le pauvre coeur des hommes, 1914), Soseki Natsume écrit aussi des haïkus. L'impressionnisme pénétrant, la fine psychologie, l'humeur grinçante et l'idéalisme glacé qui ont fait le talent du romancier se retrouvent dans l'atmosphère de ses poèmes. L'ensemble de ses 2,500 haïkus, qui sont autant de témoignages de son existence d'ermite, à la vie intérieure douloureuse et tourmentée, ont été rassemblés et publiés sous le titre Soseki haïku shu (Recueil des haïkus de Soseki) par les éditions Iwanami Shoten pour la première fois en 1917.

Hito ni shishi tsuru ni umarete saekaeru
  Les hommes meurent
Et les grues naissent
Translucides et glacés



Mujinjima no tenshi to naraba suzushikaro
  Si j'étais souverain
D'une île déserte
Ce serait rafraîchissant!



Aru hodo no kiku nageireyo kan no naka
  Tous les chrysanthèmes
Jetez-les donc
Dans son cercueil



Kimi ga koto chiri o haraeba naru aki ka
  Ton koto
Quand je l'essuie
Fait-il gémir l'automne?



Yuku hito ni todomaru hito ni kitaru kari
  Pour ceux qui sont partis
Pour ceux qui sont restés
Les oies reviennent



Toritomuru inochi mo hosoki susuki kana
  Arraché à la mort
Le mince fil de ma vie
Roseaux jaunissant de l'automne



Tatakarete hiru no ka o haku mokugyo kana
  Quand on lui tape dessus
La cloche de bois à prières
Vomit les moustiques du jour



Sumire hodona chiisaki hito ni umaretashi
  Semblable à la violette
Homme de rien
J'aurais voulu naître



Yamu hi mata misu no hima yori aki no cho
  Même alité il vient me voir
Par le store de bambou
Papillon d'automne



Aki-kaze ya hibi no iritaru i no fukuro
  Vent gris d'automne
Gerçures à l'intérieur
De mon estomac

 

Remplissez son cercueil
De tous les chrysanthèmes du monde
Autant que la terre peut en fleurir



Le cœur offert au ciel
Les fleurs de la mort
Au bord du chemin

Humble village
Sans avenir sans passé
Histoire de fleurs


Une maison
Perce dans le silence

Aux feuille mortes
Que je voudrais brûler
Déjà la grêle se mêle

Mon amour a la couleur de la nuit
Couleur des ténèbres
Que vient visiter la lune


Les fleurs sont tombées
Des pétales déchirés le courant a emporté
Jusqu’à l’ombre

J’aimerais renaître
Si c’était possible aussi modeste
Qu’une violette


Sous mes yeux près de mon pinceau
Une libellule s’est posée
Quelle âme accompagnait-elle ?

L’ami s’en est allé
En rêve
La Voie Lactée


Nostalgie m’enveloppe
Pour le temps poétique
Robe de papier

J’ai froid au cœur
Trois notes de shamisen
Inexplicablement mon cœur se glace


Lumière éteinte
Du ciel limpide une étoile se détache
Et entre par la fenêtre


Entre les feuilles du volubilis
Un reflet
Les prunelles du chat


Ombre sur l’herbe douce
Le rêve du chien endormi s’élève
Comme brume légère


Sur mes entrailles
Le bouillon de riz
Verse trois gouttes de printemps

Vent d’automne colore les feuilles
Est-ce lui qui a posé sur ma tête
Le premier cheveu blanc

Les hommes meurent
Les hommes vivent
Passent les oies sauvages

L’automne s’en va coule le temps
Seuls demeurent
Les nuages

L’année s’en va
Le chat demeure
Sur mes genoux blotti

Le secret de la neige

Publié dans Haikus

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